Tribune/CDA Nougnon : le tilapia produit au Bénin, pourra être vendu sous forme congelé dans les poissonneries du pays
« La terre ne ment jamais dit-on ! » c’est pour vérifier ce vieil adage que nous vous invitons à accueillir sur cette émission une Coopérative dévouée à la terre et activités assimilées.
Située dans la vallée de l’Ouémé, réputé être la deuxième vallée la plus riche en Afrique, la Coopérative de Développement Agricole Nougnon (CDA Nougnon) évolue depuis plusieurs années déjà dans la valorisation de nos terres et produits locaux. En témoigne ses nombreuses actions à l’endroit des populations en termes de formation en entreprenariat agricole mais aussi sa forte réputation fruit de travail acharné et de collaboration réussi.
Comment donc CDA Nougnon a – t – elle put atteindre ce niveau alors même que la grande majorité de la jeunesse ploie sous le coup du chômage et du manque de ressources ?
Avez – vous envie de découvrir une nouvelle opportunité de réussir vos projets ? Suivez dans ce numéro de Social News le Président de CDA Nougnon qui nous parle de la Coopérative et de son parcourt…
Sinclair F.
Lyric’Art Tribune : Bonsoir Mr Nicolas, vous êtes le président de la coopérative du Développement Agricole CDA Nougnon située à Akpadanou dans la commune d’Adjohoun, département de l’Ouémé. Vous êtes aussi spécialiste en pisciculture et élevage. Avant d’aborder la première question, merci de vous présenter à nos aimables lecteurs.
Nicolas TOUKO : Merci beaucoup, je suis Nicolas TOUKO AHOTON, Président de la Coopérative de Développement Agricole CDA Nougnon. C’est une coopérative qui intervient dans le domaine agricole. Nous faisons de la production végétale, la production animale, spécialement la production de la volaille locale et du poisson tilapia espèce MEPROD. Nous faisons aussi de la transformation, du compostage et la formation en entreprenariat agricole.
Lyric’Art Tribune : Valoriser la vallée de l’Ouémé est votre grand objectif, comment cette ambition a – t – elle prit corps ?
Nicolas TOUKO : nous avons entendu depuis fort longtemps que la vallée de l’Ouémé est la deuxième vallée la plus riche au monde et cette vallée peut nourrir tout le Bénin et même une partie de l’Afrique. Notre constat est que cette vallée est restée longtemps inexploitée pour des priorités politiques que nous ne saurions dire. Nous avions alors profité de notre formation en entreprenariat agricole pour nous installer dans la vallée de l’Ouémé et c’est à partir de là que nous avons commencé par découvrir les immenses opportunités agricoles qu’offre cette vallée. Nous avions donc commencé l’exploitation des basfond inondable pour la pisciculture puisque la première demande quand on vient dans la vallée, c’est le poisson d’eau douce (Tômè Hwévi). Au début on espérait l’appui des pouvoirs publics mais à force d’attendre on s’est lancé à nos risques mais après un à deux ans de production, on s’est rendu compte qu’il était nécessaire de généraliser la production.
Quant à l’élevage, il y a un type de volaille dont on ne nous apprend rien dans nos lycées agricoles et même à l’université, il s’agit de notre volaille locale couramment nommé « poulet bicyclette » alors qu’il existe de nombreuses techniques pour booster facilement la production de cette volaille.
Une autre opportunité agricole dans la vallée est la production de canne à sucre. Dans les zones habituelles de production comme « Sèmè » par exemple, en temps de crue (Juillet – Août – Septembre) la production s’arrête alors que dans la vallée, on peut produire de la canne à sucre toute l’année (12mois / 12). Malheureusement cette opportunité est restée inexploitée à ce jour mais à notre niveau nous essayons de faire de notre mieux pour le moment.
Lyric’Art Tribune : Justement parmi vos activités il y a la pisciculture et l’élevage qui occupent une large part. Avez – vous des variétés spécifiques de poissons et de volaille que vous produisez ou vous le faites de façon générale ?
Nicolas TOUKO : Nous avons le poisson tilapia espèce MEPROD que nous sommes en train de promouvoir actuellement. C’est une espèce de poisson d’eau douce sur lequel nous avons fait des expérimentations. Cette espèce de poissons se multiplie d’elle-même une fois dans l’eau, il n’y a pas de mal ou de femelle et sa multiplication est rapide. De plus, son alimentation est simple et pas onéreux comme les provendes importées qu’il faut administrer aux espèces génétiquement modifiés avant qu’elles aient un poids donné.
Par rapport à l’élevage, nous produisons la volaille locale couramment nommé « poulet bicyclette » mais que nous préférons appeler « poulet de richesse ». Pourquoi ? Parce que quand vous prenez une poule mère de cette volaille et vous appliqué les techniques appropriées, cette seule poule peut vous donner 100 000 F CFA l’an. Comment ? La poule, si vous respectez les techniques peut pondre jusqu’à 40 œufs. Vous identifiez ensuite les œufs féconds et ceux non féconds. Les œufs fécond peuvent par exemple être placé à la dinde jusqu’à éclosion et pendant ce temps la poule continue par pondre. Ce sont un peu ces techniques que nous mettons à la disposition de tout le monde à travers nos séries de formation.
Quand nous parlons de la volaille locale, il y a cinq types : les poulets locaux, la dinde, la canne & le canard, le pigeon et la pintade. Ce sont ces espèces que nous élevons. Nous ignorons tous des techniques appropriés d’élevages de ces espèces qui sont une énorme opportunité pour l’entreprenariat.
Lyric’Art Tribune : au vue de votre parcours dans ces domaines, pensez – vous que ce sont des secteurs d’avenir pour la jeunesse aujourd’hui?
Nicolas TOUKO : ce sont des secteurs d’avenir et la jeunesse peut s’y lancé. Aujourd’hui, avec une somme de 50 000F CFA vous pouvez démarrer l’élevage de la volaille et si les techniques sont bien appliquées, parce que pour entreprendre il faut se faire former pour maitriser les techniques, vous devez rentabiliser. Dans la pisciculture il faut pouvoir investir et rentabiliser un an après mais dans la production avicole (élevage de la volaille local) en six mois vous pouvez déjà commencer par faire des entrées. Ce sont des secteurs d’avenir pour la jeunesse.
Lyric’Art Tribune : vous disposez d’un centre pour la formation en entreprenariat agricole, comment ça se passe et combien avez – vous déjà mis sur le marché ?
Nicolas TOUKO : nous en avons formé jusqu’ici 2344 personnes sans distinction d’âge et de sexe dans 24 communes du Bénin. Toutes ces personnes sont regroupées dans un creuset que nous nommons « Conseil National des Producteurs de la Volaille local et du Poisson tilapia ». Au niveau des communes, il y a des sections communales qui fonctionnent très bien et nous donne une vue sur ceux qui sont déjà en activité.
Lyric’Art Tribune : si on se retrouvait avec plus de 5000 producteurs de poisson au Bénin, ne pensez – vous pas que le secteur pourrait chuter ?
Nicolas TOUKO : le secteur ne peut jamais chuter. Notre vision ce n’est pas seulement de produire mais aussi de commercialiser. C’est à ce niveau qu’on doit remercier les autorités du ministère de l’agriculture qui ont décidés nous accompagner pour la commercialisation et d’ici Décembre prochain notre poisson local, le tilapia produit au Bénin, pourra être vendu sous forme congelé dans les poissonneries du pays.
Lyric’Art Tribune : Puisqu’on est avec le Ministère déjà, les réformes actuelles dans le secteur favorise – t elles l’ouverture des marchés extérieur à vos produits
Nicolas TOUKO : nous avions déjà des clients de l’extérieur qui viennent acheter chez nous mais les réformes veulent formaliser les transactions ce qui est une bonne chose. L’Etat à décider d’intervenir dans la production et il prend aussi les mesures pour encourager le consommons locale et faciliter la distribution. Toutefois, il va falloir d’autres réformes pour mieux accompagner et encadrer le secteur sinon à l’heure actuelle, le marché informel demeure plus rentable.
Lyric’Art Tribune : peut – on encore faire de la pisciculture et réussir dans d’autres régions à part la vallée ?
Nicolas TOUKO : dans le sud du Bénin c’est possible mais il sera un peu difficile de le faire au Nord en raison de la pluviométrie, toutefois, n’ayant pas expérimenté une exploitation dans cette zone je ne saurais affirmer qu’il serait possible ou pas. Je pense juste que ce serait un peu difficile.
Lyric’Art Tribune : avez – vous déjà ou en projet à venir de l’appui du Gouvernement pour vos innovations?
Nicolas TOUKO : que ce soit le Gouvernement d’alors ou celui qui est en place aujourd’hui, nous bénéficions de l’appui technique et financier. Il y a aussi le Programme des Nations Unis, FIDA, FAO, ils nous accompagnent pour les recherches et la vulgarisation.
Lyric’Art Tribune : quel conseil donnerez-vous à ceux qui voudront embrasser la pisciculture ou l’élevage ?
Nicolas TOUKO : ce sont des secteurs d’avenir mais il faut se faire former et être déterminer. Dans la pisciculture c’est un investissement qu’il faut attendre au moins un an avant de rentabiliser mais pour l’élevage de volaille locale, déjà en six mois vous pouvez commencer à rentabiliser
Lyric’Art Tribune : avez – vous un appel à lancer ?
Nicolas TOUKO : un grand merci pour le travail que Lyric’Art Média fait pour nous faire connaitre. Je remercie tous les membres de CDA Nougnon et tous les cadres du Ministère de l’Agriculture qui nous accompagnent à différents niveaux et aussi toutes les personnes qui ont participées à nos différentes formations et tous ceux qui sont sur le terrain. Le consommons locale doit être privilégié et promu, nous devons consommés ce que nous produisons et nous devons produire ce que nous consommons. Merci beaucoup.
Lyric’Art Tribune : est – il possible même n’étant pas membre de CDA Nougnon de solliciter votre expertise pour démarrer un projet agricole ou piscicole ? Si oui comment vous joindre ?
Nicolas TOUKO : la Coopérative de Développement Agricole – CDA Nougnon reste disponible pour accompagner tous ceux qui veulent investir dans le domaine agricole. Nous sommes joignable au +229 67 02 79 98, sur notre page Facebook : cdanougnon et sur notre site www.cdanougnon.com
Lyric’Art Tribune : Merci pour avoir fait le déplacement et bon courage à vous !